Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/315

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belles. À Lahor, où elles sont en renom d’être de belle taille, menues de corps, et les plus belles brunes des Indes, comme elles le sont effectivement, je me suis servi d’un artifice ordinaire aux Mogols, qui est de suivre quelque éléphant, principalement quelqu’un de ceux qui sont richement harnachés ; car aussitôt qu’elles entendent ces deux sonnettes d’argent, qui leur pendent des deux côtés, elles mettent toutes la tête aux fenêtres. Je me suis servi à Cachemire du même artifice, et d’un autre encore qui m’a bien mieux réussi. Il était de l’invention d’un vieux maître d’école que j’avais pris pour m’aider à entendre un poëte persan : il me fit acheter quantité de confitures ; et comme il était connu et qu’il avait l’entrée partout, il me mena dans plus de quinze maisons, disant que j’étais son parent, nouveau venu de Perse, et que j’étais riche et à marier. Aussitôt que nous entrions dans une maison, il distribuait mes confitures aux enfans ; et incontinent tout accourait autour de nous, femmes et filles, grandes et petites, pour en attraper leur part, ou pour se faire voir. Cette folle curiosité ne laissa pas de me coûter quelques roupies ; mais aussi je ne doutai plus que dans Cachemire il n’y eût d’aussi beaux visages qu’en aucun lieu de l’Europe. »

Dans plusieurs occasions que Bernier eut de visiter diverses parties du royaume, il fit quelques observations qu’il joint à son récit. Danech-Mend-Khan, son nabab, l’envoya un