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jour avec deux cavaliers pour escorte à une des extrémités du royaume, à trois petites journées de la capitale, pour visiter une fontaine à laquelle on attribuait des propriétés merveilleuses. Pendant le mois de mai, qui est le temps où les neiges achèvent de se fondre, elle coule et s’arrête régulièrement trois fois le jour, au lever du soleil, sur le midi et sur le soir ; son flux est ordinairement d’environ trois quarts d’heure : il est assez abondant pour remplir un réservoir carré de dix ou douze pieds de largeur, et d’autant de profondeur. Ce phénomène dure l’espace de quinze jours, après lesquels son cours devient moins réglé, moins abondant, et s’arrête tout-à-fait vers la fin du mois, pour ne plus paraître de toute l’année, excepté pendant quelque grande et longue pluie, qu’il recommence sans cesse et sans règle comme celui des autres fontaines. Bernier vérifia cette merveille par ses yeux. Les Gentous ont sur le bord du réservoir un petit temple d’idoles, où ils se rendent de toutes parts, pour se baigner dans une eau qu’ils croient capable de les sanctifier ; ils donnent plusieurs explications fabuleuses à son origine. Pendant cinq ou six jours, Bernier s’efforça d’en trouver de plus vraisemblables. Il considéra fort attentivement la situation de la montagne. Il monta jusqu’au sommet avec beaucoup de peine, cherchant et examinant de tous côtés ; il remarqua qu’elle s’étend en long du nord au midi ; qu’elle est