Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/317

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séparée des autres montagnes, qui ne laissent pas d’en être fort proches ; qu’elle est en forme de dos d’âne ; que son sommet, qui est très-long, n’a guère plus de cent pas dans sa plus grande largeur ; qu’un de ses côtés, qui n’est couvert que d’herbes vertes, est exposé au soleil levant ; mais que d’autres montagnes opposées n’y laissent tomber ses rayons que vers huit heures du matin ; enfin que l’autre côté, qui regarde le couchant, est couvert d’arbres et de buissons. Après ces observations, il se mit en état de rendre compte à Danech-Mend d’une singularité dont il cessa d’admirer la cause.

« Tout cela considéré, dit-il, je jugeai que la chaleur du soleil, avec la situation particulière et la disposition intérieure de la montagne, était la cause du miracle ; que le soleil du matin, venant à donner sur le côté qui lui est opposé, l’échauffe et fait fondre une partie des eaux gelées qui se sont insinuées dans la terre en hiver, pendant que tout est couvert de neiges ; que ces eaux, venant à pénétrer et coulant peu à peu vers le bas jusqu’à certaines couches ou tables de roches vives qui les retiennent et les conduisent vers la fontaine, produisent le flux du midi ; que le même soleil, s’élevant au midi, et quittant ce côté qui se refroidit, pour frapper comme à plomb sur le sommet qu’il échauffe, fait encore fondre des eaux gelées qui descendent peu à peu comme les autres, mais par d’au-