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qu’ils ne s’y étaient attendus, leur fit pour eux-mêmes un présent de six mille roupies. Celui qu’ils reçurent pour leur maître consistait dans un serapah, ou veste de brocart, fort riche, deux grands cornets d’argent doré, deux timbales d’argent, un poignard couvert de rubis, et la valeur d’environ vingt mille francs en roupies d’or ou d’argent, pour faire voir de la monnaie au roi d’Éthiopie, qui n’en a point dans ses états ; mais on n’ignorait pas que cette somme ne sortirait pas de l’Indoustan, et qu’ils en achèteraient des marchandises des Indes.

Pendant le séjour qu’ils firent à Delhy, Danech-Mend, toujours ardent à s’instruire, les faisait venir souvent en présence de Bernier, et s’informait de l’état du gouvernement de leur pays. Ils parlaient de la source du Nil, qu’ils nommaient Abbabile, comme d’une chose dont les Éthiopiens n’ont aucun doute. Murat même, et un Mogol qui était revenu avec lui de Gondar, étaient allés dans le canton qui donne naissance à ce fleuve. Ils s’accordaient à rendre témoignage qu’il sort de terre dans le pays des Agous, par deux sources bouillantes et proches l’une de l’autre, qui forment un petit lac de trente ou quarante pas, de long ; qu’en prenant son cours hors de ce lac, il est déjà une rivière médiocre, et que d’espace en espace il est grossi par d’autres eaux ; qu’en continuant de couler, il tourne assez pour former une grande île ; qu’il tombe en-