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de l’Asie ; mais, en attribuant cette disgrâce aux ravages de la guerre, Baron n’explique pas les raisons qui empêchent de la réparer.

Kécho est aussi le quartier perpétuel d’un corps formidable de milice, que le roi tient prêt pour toutes sortes d’occasions. L’arsenal et les autres magasins de guerre occupent le bord de la rivière, près d’une petite île sablonneuse, où l’on conserve le Thecada. Cette rivière, que les habitans nomment Song-koï, ou la grande rivière, prend sa source dans l’empire de la Chine. Après un fort long cours, elle vient traverser Kécho, d’où elle va se décharger dans la baie de Haynan, par huit ou neuf embouchures, dont la plupart reçoivent des vaisseaux médiocres. Elle est d’une extrême commodité pour la capitale, où elle fait régner continuellement l’abondance, par la multitude infinie de barques et de bateaux qu’elle y amène, chargés de toutes sortes de marchandises et de provisions. Cependant les habitans des provinces, qui font leur principale occupation de ce commerce, ont tous leurs maisons dans quelque village, et n’habitent point dans leurs barques, comme Tavernier l’assure faussement.

Le Tonquin devrait être compté parmi les puissances redoutables, si la force de l’état ne consistait que dans le nombre des hommes. Il entretient continuellement une armée de cent quarante mille combattans, bien exercés à l’usage des armes ; et dans l’occasion, ce grand corps peut être augmenté du double ; mais, comme le