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de France qu’il souhaitait que l’observation de la première éclipse se fît en sa présence, on choisit pour le travail une maison royale nommée Tlée-poussonne, à une petite lieue à l’est de Louvo, et peu éloignée d’une forêt où sa majesté devait prendre le divertissement de la chasse des éléphans. Le 10, ce prince invita l’ambassadeur à voir les illuminations qui se faisaient pour cette chasse, et voulut que les six jésuites assistassent aussi à ce spectacle. Tachard en fait la description.

« Un corps d’environ quarante-six mille hommes avait formé dans les bois et sur les montagnes une enceinte de vingt-six lieues en carré long, dont les deux grands côtés étaient chacun de dix lieues, et les deux autres de trois. Cette vaste étendue était bordée de deux rangs de feux qui régnaient sur deux lignes, l’une à quatre ou cinq pas de l’autre, et qu’on entretient toute la nuit du bois de la forêt ; ils sont soutenus en l’air à la hauteur de sept ou huit pieds, sur de petites plates-formes carrées, élevées sur quatre pieux, ce qui les fait découvrir tous à la fois. Ce spectacle parut à Tachard, pendant les ténèbres, la plus belle illumination qu’il eut jamais vue. De grandes lanternes, disposées d’espace en espace, faisaient la distinction des quartiers, qui étaient commandés par différens chefs, avec un certain nombre d’éléphans de guerre et de chasseurs armés comme les soldats. On tirait par intervalles de petites pièces de cam-