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pagne, pour étonner tout à la fois par le bruit et par la vue des feux les éléphans qui voudraient forcer le passage : l’oubli de cette précaution avait fait manquer une chasse précédente. Comme il s’était trouvé dans l’enceinte une montagne escarpée, on avait négligé d’y placer des feux, des gardes et de l'artillerie, parce qu’on l’avait crue inaccessible à des animaux d’une énorme grosseur ; mais dix ou douze s’étaient échappés avec une adresse fort singulière : ils s’étaient servis de leurs trompes pour s’attacher à un des arbres qui étaient sur la pente de la montagne. Du premier arbre, ils s’étaient guindés au tronc d’un autre ; et grimpant ainsi d’arbre en arbre, ils étaient parvenus avec des efforts incroyables jusqu’au sommet de la montagne, d’où ils s’étaient sauvés dans les bois. »

Après une collation magnifique de confitures, et de toutes sortes de fruits, qui fut servie dans un lieu fort agréable, autour duquel on avait placé des éléphans de guerre et des feux pour garantir les Français des tigres et des autres animaux féroces qui pouvaient se trouver dans l’enceinte, le seigneur Constance mena les jésuites au château de Tlée-poussonne où le roi s’était déjà rendu pour assister à l’observation de l’éclipse. Ils arrivèrent à neuf heures du soir, au bord d’un canal qui conduit au château, où ils étaient attendus par un ballon du roi. Ce canal est fort large, et long de plus d’une lieue ; il était éclairé sur les deux rives