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d’une infinité de feux élevés comme ceux qu’on a décrits. À un demi-quart de lieue du château, les rameurs, qui avaient nagé jusqu’alors avec beaucoup de force et de bruit, commencèrent à ramer si doucement, qu’on n’entendait presque pas le bruit de leurs rames. On avertit les jésuites qu’il fallait se taire ou parler fort bas. Lorsqu’ils descendirent au rivage, tout était si tranquille, malgré la multitude de soldats et de mandarins qui se trouvaient aux environs, qu’ils se crurent dans une solitude écartée. Ils s’occupèrent d’abord à disposer leurs lunettes sur divers appuis qu’on avait élevés dans cette vue ; mais, n’ayant pas eu besoin de donner beaucoup de temps à ce travail, ils se rembarquèrent une heure après pour aller passer le reste de la nuit dans la maison du seigneur Constance, qui était à cent pas du palais.

On leur laissa trois ou quatre heures de repos, après lesquelles ils s’embarquèrent pour se rendre à la galerie où devait se faire l’observation : il était près de trois heures après minuit. Les mathématiciens, à leur arrivée, préparèrent une fort bonne lunette de cinq pieds, dans la fenêtre d’un salon qui donnait sur la galerie. On avertit le prince, qui vint aussitôt à cette fenêtre. Ses mathématiciens étaient assis sur des tapis de Perse, les uns aux lunettes d’approche, les autres à la pendule ; d’autres devaient écrire le temps de l’observation. Ils saluèrent le monarque de