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Nous tirerons encore quelques particularités d’un second voyage du père Tachard, qui n’était revenu en France que pour demander au roi, de la part du roi de Siam, douze mathématiciens jésuites ; faveur qu’il obtint facilement de Louis XIV.

La flotte destinée à conduire les ambassadeurs siamois et les mathématiciens était composée de six vaisseaux.

Le célèbre Cassini avait averti les pères, avant leur départ, qu’il y aurait une éclipse de soleil le onzième de mai, et qu’elle serait même totale aux îles du Cap-Vert et en Guinée. On ne s’était pas mis en peine de la calculer pendant le voyage, parce qu’on espérait alors être à la hauteur du cap de Bonne-Espérance, où l’on ne croyait pas que l’éclipse fût sensible. Il paraissait que la latitude de la lune devait être trop australe. Cependant les ambassadeurs siamois, dont la curiosité pour ces phénomènes va jusqu’à la superstition, prièrent les jésuites de la calculer pour l’amour d’eux. Le père Comilh eut cette complaisance, quoique fort incommodé du voyage. Son travail lui devint d’autant plus agréable, que, malgré l’opinion qu’on en avait eue, il trouva par son opération qu’en effet le corps du soleil paraîtrait considérablement éclipsé vers la hauteur de vingt-trois degrés du sud, et à trois cent cinquante-huit degrés de longitude, où l’on croyait être actuellement. L’expérience vérifia ses calculs le jour même de l’éclipse, qui