Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/134

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la bastonnade sous le ministre précédent, comme je l’appris depuis.

» Le roi me fit donner une fort petite maison ; on y mit trente-six esclaves pour me servir, et deux éléphans. La nourriture de tout mon domestique ne me coûtait que cinq sous par jour, tant les hommes sont sobres dans ce pays, et les denrées à bon marché : j’avais ma table chez Constance. Ma maison fut garnie de meubles peu considérables ; on y ajouta douze assiettes d’argent, deux grandes coupes de même métal, le tout fort mince ; quatre douzaines de serviettes de toile de coton, et deux bougies de cire jaune par jour. Ce fut tout l’équipage de M. le grand-amiral général des armées du roi. Il fallut pourtant s’en contenter. Quand le roi allait à la campagne ou à la chasse aux éléphans, il fournissait à la nourriture de ceux qui le suivaient ; on nous servait alors du riz et quelques ragoûts à la siamoise, dont un Français peu accoutumé à ces sortes de mets ne pouvait guère s’accommoder. À la vérité, Constance, qui suivait presque toujours, avait soin de faire porter de quoi mieux manger ; mais, quand des affaires particulières le retenaient chez lui, j’avais beaucoup de peine à me contenter de la cuisine du roi.

» Souvent, dans ces sortes de divertissemens, le roi me faisait l’honneur de s’entretenir avec moi ; je lui répondais par l’interprète que Constance m’avait donné. Comme ce prince