Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/140

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de M. de Chaumont, il n’y eût rien de conclu que ce qu’il plaisait à Constance de faire entendre à l’un et à l’autre ; que je tenais encore ce fait du vicaire apostolique même qui avait assisté à tous leurs entretiens particuliers, et qui s’en était ouvert à moi dans une grande confidence. Le roi, qui m’avait écouté fort attentivement, surpris de ce discours, se mettant à rire : « Les princes, me dit-il, sont bien malheureux d’être obligés de s’en rapporter à des interprètes, souvent infidèles. »

» Ce prince me demanda ensuite si les missionnaires travaillaient avec fruit, et s’ils avaient déjà converti beaucoup de Siamois. Pas un seul, sire, lui répondis-je ; mais comme la plus grande partie des peuples qui habitent ce royaume n’est qu’un amas de différentes nations, et qu’il y a parmi les Siamois un nombre assez considérable de Portugais, de Cochinchinois et de Japonais qui sont chrétiens, les missionnaires en prennent soin, et leur administrent les sacremens ; ils vont d’un village à l’autre, et s’introduisent dans les maisons à la faveur de la médecine qu’ils exercent, et de petits remèdes qu’ils distribuent ; mais avec tout cela leur industrie a été jusqu’ici en pure perte. Leur plus heureux sort est de baptiser les enfans que les Siamois, qui sont fort pauvres, exposent sans crime dans les campagnes. C’est au baptême de ces enfans que se réduit tout le fruit que les missions produisent dans ce pays.

« Le père de La Chaise, confesseur du roi,