Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/141

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ayant témoigné qu’il souhaitait aussi de m’entretenir sur cet objet, je fus introduit auprès de sa révérence. On m’avait averti de veiller sur moi-même, parce que je devais paraître devant l’homme le plus fin du royaume ; mais je n’avais que des vérités à lui dire. Ce père ne me parla presque que de religion, et du louable dessein du roi de Siam, qui voulait retenir des jésuites dans ses états, en leur permettant de bâtir un collége et un observatoire. Je lui dis là-dessus que Constance, ayant besoin du secours de sa majesté, promettait plus qu’il ne pouvait tenir ; que le collége et l’observatoire se bâtiraient peut-être pendant la vie du roi de Siam ; que les jésuites y seraient nourris et entretenus ; mais que, si ce prince venait à mourir, on pouvait se préparer en France à chercher des fonds pour la subsistance de ces pères, y ayant peu d’apparence qu’un nouveau roi voulût y contribuer de ses revenus. Quand le père de La Chaise m’eut entendu parler de la sorte : Vous n’êtes pas d’accord, me dit-il, avec le père Tachard. Je lui répondis que je ne disais que la pure vérité ; que j’ignorais ce que le père Tachard avait dit, et les motifs qui l’avaient fait parler ; mais que son amitié pour Constance, qui avait eu ses raisons pour le séduire, pouvait bien l’avoir aveuglé, et ensuite le rendre suspect ; que pendant le peu de temps qu’il était resté à Siam avec M. de Chaumont, il avait su s’attirer toute la confiance du ministre, à qui il avait même servi de se-