Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/147

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les priai de s’asseoir autour d’une table où je mangeais ordinairement avec mes officiers.

« Le capitaine répondit à mes interrogations qu’il venait de Siam, et qu’il retournait à l’île de Macassar ; en même temps il me présenta son passe-port, que je fis semblant d’examiner, et je lui dis qu’il était fort bon ; mais j’ajoutai qu’étant étranger et nouvellement au service du roi, je devais être plus attentif qu’un autre à exécuter fidèlement ses ordres, que j’en avais reçu de très-rigoureux à l’occasion de la révolte, dont il était sans doute informé, pour empêcher qu’aucun Siamois ne sortît du royaume. Le capitaine m’ayant répondu qu’il n’avait avec lui que des Macassars, je lui répliquai que je ne doutais nullement de la vérité de ce qu’il me disait, mais qu’étant environné de Siamois qui observaient toutes mes actions, je le priais, afin que la cour n’eût rien à me reprocher, de faire mettre tout son monde à terre ; et qu’après qu’ils auraient été reconnus pour Macassars, ils seraient libres de continuer leur voyage. Le capitaine y consentit, à condition qu’ils descendraient armés. Je lui demandai en souriant si nous étions donc en guerre. Non, me répondit-il, mais le cric que nous portons est une si grande marque d’honneur parmi nous, que nous ne saurions le quitter sans infamie. Cette raison étant sans réplique, je m’y rendis, ne comptant pas qu’une arme, qui me paraissait si méprisable, fût