Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/150

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sar, comme s’il eut été insensible, avançait toujours, en s’enfonçant de plus en plus le fer de la lance que je lui tenais dans le corps, et faisant des efforts incroyables pour parvenir jusqu’à moi afin de me percer. Il l’aurait fait infailliblement, si la garde qui était vers le défaut de la lance ne l’eût retenu. Tout ce que j’eus de mieux à faire fut de reculer, appuyant toujours sur ma lance, sans oser jamais la retirer pour redoubler le coup. Enfin, je fus secouru par d’autres lanciers qui achevèrent de le tuer.

» Des six Macassars, quatre furent tués dans le pavillon, ou du moins on les crut morts ; les deux autres, dont l’un était le capitaine, quoique blessés, se sauvèrent par une fenêtre en sautant du haut du bastion en bas. La hardiesse, ou plutôt la rage de ces six hommes, m’ayant fait connaître que l’officier portugais m’avait dit vrai, et qu’ils étaient en effet imprenables, je commençai à craindre les quarante-sept autres qui étaient en marche. Dans cette fâcheuse situation, je changeai l’ordre que j’avais donné de les arrêter ; et, reconnaissant qu’il n’y avait pas d’autre parti à prendre, je résolus de les faire tous tuer, s’il était possible : dans cette vue, j’envoyai et j’allai moi-même de tous côtés pour faire assembler les troupes.

» Cependant les Macassars qui avaient mis pied à terre, marchaient vers le fort. J’envoyai ordre à un capitaine anglais, que Constance