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Macassars qui étaient encore attroupés. À mon arrivée, ces furieux abandonnèrent quelques ballons dont ils s’étaient saisis, et se jetèrent à la nage. Je fis tirer sur eux ; mais ils furent bientôt hors de la portée du fusil, et se retirèrent dans les bois. Je rassemblai tout ce peuple effrayé, je lui reprochai sa lâcheté et la honte qu’il y avait à fuir devant un si petit nombre d’ennemis. Animés par mes discours, les Siamois se rallièrent, et les poursuivirent jusqu’à l’entrée du bois, où voyant qu’il était impossible de les forcer, je retournai à Bancok.

» Je trouvai en arrivant deux de ces malheureux qui, ayant été blessés, n’avaient pu suivre les autres. Un missionnaire, nommé Manuel, les regardant comme un objet digne de son zèle, leur parla avec tant de force, qu’ils se convertirent et moururent peu de temps après avoir reçu le baptême. Quelques jours après on m’en amena un troisième, que le missionnaire exhorta inutilement. Ce misérable ayant demandé si en se faisant chrétien on lui sauverait la vie, on lui répondit que non. « Puisque je dois mourir, dit-il, que m’importe que je sois avec Dieu ou avec le diable ? » Là-dessus il eut le cou coupé, et j’ordonnai que sa tête serait exposée pour donner de la terreur aux autres.

« Au bout de huit jours, quelques paysans tout effrayés vinrent m’avertir que les ennemis avaient paru sur le rivage, qu’ils y avaient pillé un jardin d’où ils avaient enlevé quelques her-