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terre, ou du moins que personne ne parut plus sortir du vaisseau, on fit le dénombrement ; nous nous trouvâmes environ deux cents personnes ; d’où l’on conclut qu’il ne s’en était noyé que sept ou huit, pour avoir eu trop d’empressement à se sauver. Quelques Portugais avaient eu la précaution d’emporter des fusils et de la poudre pour se défendre des Cafres, et pour tuer du gibier dans les bois. Ces armes nous furent aussi fort utiles à faire du feu, non-seulement pendant toute la durée de notre voyage jusqu’aux habitations hollandaises, mais surtout les deux premières nuits que nous passâmes sur le rivage, tout dégouttans de l’eau de la mer. Le froid fut si rigoureux, que, si nous n’eussions allumé du feu pour faire sécher nos habits, peut-être aurions-nous trouvé dans une prompte mort le remède à nos peines.

» Le second jour après notre naufrage, nous nous mîmes en chemin. Le capitaine et les pilotes nous disaient que nous n’étions pas à plus de vingt lieues du cap de Bonne-Espérance, où les Hollandais avaient une fort nombreuse habitation, et que nous n’avions besoin que d’un jour ou deux pour y arriver. Cette assurance porta la plupart de ceux qui avaient apporté quelques vivres du vaisseau à les abandonner, dans l’espoir qu’avec ce fardeau de moins ils marcheraient plus vite et plus facilement. Nous entrâmes ainsi dans les bois, ou plutôt dans les broussailles ; car nous vîmes peu