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non-seulement de ceux qui satisfaisaient leur faim, mais de quantité de bestiaux qui paissaient dans la campagne. Les Portugais ne nous défendaient pas moins de toucher aux troupeaux des Hottentots qu’au bœuf qu’ils avaient fait cuire, et nous menaçaient de nous abandonnera la fureur de ces barbares.

» Un mandarin, voyant que les Hottentots refusaient l’or monnayé, prit le parti de se parer la tête de certains ornemens d’or, et parut devant eux dans cet état. Cette nouveauté leur plut. Ils lui donnèrent un quartier de mouton pour ces petits ouvrages, qui valaient plus de cent pistoles. Nous mangeâmes cette viande à demi crue ; mais elle ne fit qu’aiguiser notre appétit. J’avais remarqué que les Portugais avaient jeté la peau de leur bœuf après l’avoir écorché. Ce fut un trésor pour moi. J’en fis confidence au mandarin qui m’avait sauvé de mon propre désespoir. Nous allâmes chercher cette peau ensemble, et l’ayant heureusement trouvée, nous la mimes sur le feu pour la faire griller. Elle ne nous servit que pour deux repas, parce que, les autres Siamois nous ayant découvert, il fallut partager avec eux notre bonne fortune. Un Hottentot s’étant arrêté à considérer les boutons d’or de mon habit, je lui fis entendre que, s’il voulait me donner quelque chose à manger, je lui en ferais volontiers présent. Il me témoigna qu’il y consentait ; mais au lieu d’un mouton que j’espérais pour le moins, il ne m’apporta qu’un