Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/189

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passâmes dans l’île, on remarqua certains arbres secs et assez gros, qui étaient percés par les deux bouts. La soif, qui nous avait paru jusqu’alors un tourment si cruel, nous inspira le moyen d’en tirer quelque utilité. Chacun se pourvut d’un de ces longs tubes, et l’ayant fermé par le bas, on le remplit d’eau pour la provision du jour. Dans l’incertitude de la situation du cap de Bonne-Espérance, les pilotes proposèrent de monter sur celui que nous avions devant nous. Du sommet on pouvait espérer de découvrir l’objet de nos recherches. Cette idée plut à tout le monde. On eut besoin de beaucoup d’efforts pour grimper sur une hauteur escarpée, et pendant tout le jour on ne vécut que d’herbes et de fleurs qui s’y trouvaient en différens lieux. Vers le soir, en descendant de cette montagne, d’où nous avions eu le chagrin de ne pas apercevoir ce que nous cherchions, nous découvrîmes à une demi-lieue de nous une troupe d’éléphans qui paissaient dans une vaste campagne, mais qui n’étaient pas d’une grandeur extraordinaire. On passa la nuit sur le rivage au pied de la montagne. Le soleil n’était point encore couché, on se répandit de tous côtés sans rien trouver qui put servir d’aliment. De tous les Siamois, je fus le seul à qui le hasard offrit de quoi souper. J’avais cherché des herbes ou des fleurs, et n’en ayant trouvé que de fort amères, je m’en retournais après m’être inutilement fatigué, lorsque j’aperçus un serpent fort menu, à la