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pour des Hottentots, parce que l’éloignement ne permettait pas de les distinguer, et qu’il ne pouvait pas nous venir à l’esprit que ces déserts eussent d’autres créatures humaines à nous offrir. Comme ils venaient à nous, et que nous marchions vers eux, nous fûmes bientôt agréablement détrompés. Il nous fut aisé de reconnaître deux Hollandais avec les deux Hottentots qui nous avaient quittés en chemin. Le transport de notre joie fut proportionné à toutes les peintures qu’on a lues de notre misère. Ce sentiment augmenta lorsque nos libérateurs se furent approchés. Ils commencèrent par nous demander si nous étions Siamois, et où étaient les ambassadeurs du roi notre maître. On les leur montra. Ils leur firent beaucoup de civilités ; après quoi, nous ayant fait asseoir, ils firent approcher les deux Cafres qui les accompagnaient, chargés de quelques rafraîchissemens qu’ils nous avaient apportés. À la vue du pain frais, de la viande cuite et du vin, nous ne pûmes modérer les mouvemens de notre reconnaissance. Les uns se jetaient aux pieds des Hollandais et leur embrassaient les genoux ; d’autres les nommaient leurs pères, leurs libérateurs. Pour moi, je fus si pénétré de cette faveur inestimable, que, dans le sentiment qui m’agitait, je voulus leur faire voir sur-le-champ le prix que j’attachais à leurs soins généreux. Notre premier ambassadeur, en nous ordonnant de le laisser derrière nous, et de lui aller chercher