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bord un régime dont l’observation nous coûta beaucoup. Malgré la peine que nous ressentions de ne point satisfaire notre appétit, il nous fit craindre de charger notre estomac de viandes qui l’eussent suffoqué. Ainsi nous éprouvâmes encore la faim au milieu de l’abondance.

» Avant notre départ du Cap, nous apprîmes que le second pilote de notre vaisseau s’était sauvé dans un navire anglais. Le premier pilote voulait suivre son exemple ; mais il fut gardé si étroitement par le maître du navire et par tout le reste de l’équipage, qui voulait le mener en Portugal et le faire punir de sa négligence, qu’il ne put échapper à leur observation. La plupart des Portugais s’embarquèrent sur des vaisseaux hollandais qui devaient les porter à Amsterdam, d’où ils comptaient retourner dans leur patrie. Les autres montèrent avec nous sur un navire de la Compagnie hollandaise, qui était arrivé au Cap dans l’arrière-saison, et qui nous porta heureusement à Batavia. Pour nous, après avoir passé six mois dans cette ville, nous fîmes voile pour Siam au mois de juin, et nous y arrivâmes dans le cours du mois de septembre. Le roi notre maître nous y reçut avec des marques extraordinaires de tendresse et de bonté. »

Ce qui peut-être est le plus digne de remarque dans ce récit, c’est l’inviolable respect de ces ambassadeurs pour les ordres et la lettre de leur maître, et cet infatigable attachement à leur devoir, qui ne les abandonne jamais au