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donnés au chevalier de Chaumont. À la table de ce prince on ne sert jamais en vaisselle plate ; on croit devoir à sa dignité de ne lui rien présenter que dans des vases profonds ; d’ailleurs sa vaisselle la plus ordinaire, suivant l’usage de toutes les cours d’Asie, est de la porcelaine, qu’il tire abondamment de la Chine et du Japon.

On mange peu à Siam ; un Siamois fait bonne chère avec une livre de riz par jour, avec un peu de poisson sec ou salé, ce qui ne lui revient pas à plus de deux liards. L’arak, ou l’eau de vie de riz, ne coûte à Siam que deux sous la pinte de Paris. On ne sera pas surpris que les habitans du pays aient si peu d’inquiétude pour leur subsistance, et qu’on n’entende le soir que des chants et des cris de joie dans leurs maisons. Ils ont peine à faire de bonnes salaisons, parce que les viandes prennent difficilement le sel dans les régions trop chaudes ; mais ils aiment le poisson mal salé, et le poisson sec plus que le frais. Leur goût parait même assez vif pour le poisson pouri, comme pour les œufs couvis, pour les sauterelles, les rats, les lézards et la plupart des insectes. La nature semble tourner leur appétit aux alimens les plus faciles à digérer.

Leurs sauces consistent ordinairement dans un peu d’eau, avec des épices, de l’ail, de la ciboule, ou quelques herbes de bonne odeur, telles que le baume. Ils aiment fort une sauce