Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais il n’a point de demi-ton, ni rien qui étouffe le son d’un timbre lorsqu’on en frappe un autre. C’était le bruit de tous ces instrumens ensemble que le P. Tachard ne trouvait pas sans agrément sur la rivière.

Les exercices du corps sont aussi négligés à Siam que ceux de l’esprit. On n’y voit personne qui connaisse l’art de manier un cheval. Les Siamois n’ont point d’armes, si le roi ne leur en donne ; et ce n’est qu’après avoir reçu de lui les premières qu’il leur est permis d’en acheter d’autres. Ils ne peuvent s’exercer à leur usage que par son ordre. À la guerre même, ils ne tirent point le mousquet debout, mais en mettant un genou à terre, et souvent ils achèvent de s’asseoir sur leur talon, en étendant devant eux la jambe qu’ils n’ont pas fléchie. À peine savent-ils marcher ou se tenir de bonne grâce sur leurs jambes. Ils ne tendent point aisément les jarrets, parce qu’ils sont accoutumés à les tenir tout-à-fait pliés. Les Français leur ont appris à se tenir debout sous les armes ; et jusqu’à l’arrivée du chevalier de Chaumont, leurs sentinelles mêmes s’asseyaient à terre. Loin de s’exercer à la course, ils ne connaissent pas le plaisir de marcher pour la promenade. En un mot, la course des ballons est leur unique exercice, et dès l’âge de quatre ou cinq ans, tout le monde apprend à manier la rame et la pagaie ; aussi les voit-on ramer trois jours et trois nuits avec une légèreté admirable, et presque sans aucun inter-