Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des vices naturels qui croissent avec eux. Ils sont opiniâtres dans leurs usages, par indolence autant que par respect pour les traditions de leurs ancêtres. Ils ont si peu de curiosité, qu’ils n’admirent rien. Ils sont orgueilleux avec ceux qui les ménagent, et rampans pour ceux qui les traitent avec hauteur. Ils sont rusés, inconstans, comme tous ceux qui sentent leur propre faiblesse.

Le lien d’une éternelle amitié parmi les Siamois, c’est d’avoir bu du même arak dans la même tasse. S’ils veulent se la jurer plus solennelle, ils goûtent du sang l’un de l’autre : pratique des anciens Scythes qui est en usage aussi chez les Chinois et parmi d’autres nations ; mais cette cérémonie ne les empêche pas toujours de se trahir.

Si l’on excepte le bœuf et le buffle, que les Siamois montent ordinairement, l’éléphant est leur seul animal domestique. La chasse des éléphans est libre à tout le monde ; mais on cherche uniquement à les prendre. On ne les coupe jamais. Pour le service ordinaire, les Siamois se servent des éléphans femelles ; ils emploient les mâles à la guerre. Leur pays n’est pas propre aux chevaux ; les pâturages sont trop marécageux et trop grossiers pour leur donner du courage et de la noblesse ; aussi n’ont-ils pas besoin d’être coupés pour devenir traitables. Le royaume n’a ni ânes ni mulets. Les Maures qui s’y sont établis ont quelques chameaux qu’ils achètent des étrangers.