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aucune juridiction les uns sur les autres. Ce corps deviendrait redoutable, s’il n’avait qu’un chef, et s’il agissait de concert ou par les mêmes maximes. Nos missionnaires ont comparé les sancrats aux évêques, et les simples supérieurs aux curés.

Le roi donne aux principaux sancrats un nom, un parasol, une chaise et des hommes pour la porter ; mais ils n’emploient guère cet équipage que pour aller au palais.

L’esprit de leur institution est de se nourrir des péchés du peuple, et de racheter par une vie pénitente les péchés des fidèles qui leur font l’aumône. Ils ne mangent point en communauté ; et quoiqu’ils exercent l’hospitalité à l’égard des séculiers , sans excepter les chrétiens, il leur est défendu de se communiquer les aumônes qu’ils reçoivent, ou du moins de se les communiquer sur-le-champ, parce que chacun doit faire assez de bonnes œuvres pour être dispensé du précepte de l’aumône. Mais l’unique but de cet usage est apparemment de les assujettir tous à la fatigue de la quête ; car il leur est permis d’assister leurs confrères dans un véritable besoin. Ils ont deux loges, une à chaque côté de leur porte, pour recevoir les passans qui leur demandent une retraite pendant la nuit.

On distingue à Siam, comme dans le reste des Indes, deux sortes de talapoins : les uns qui vivent dans les bois, et les autres dans les villes. Les talapoins des bois mènent un