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d’un cordon passé en bandoulière sur l’épaule droite.

Ils se rasent la barbe, la tête et les sourcils. Le talapat, espèce de petit parasol en forme d’écran, qu’ils ont sans cesse à la main, sert à les garantir de l’ardeur du soleil. Leurs supérieurs sont réduits à se raser eux-mêmes, parce qu’on ne peut les toucher à la tête sans leur manquer de respect. La même raison ne permet pas aux jeunes talapoins de raser les vieux ; mais les vieux rasent les jeunes, et se rendent le même office entre eux : les rasoirs siamois sont de cuivre.

Les jours réglés pour se raser sont ceux de la nouvelle et de la pleine lune. Tous les Siamois, religieux et laïques, sanctifient ces grands jours par le jeûne, c’est-à-dire qu’ils ne mangent point depuis midi. Le peuple s’abstient de la pêche, non en qualité de travail, puisque aucun autre travail n’est défendu, mais parce qu’il ne la croit pas tout-à-fait innocente ; il porte aux couvens, dans les mêmes jours, diverses sortes d’aumônes, dont les principales sont de l’argent, des fruits, des pagnes et des bêtes. Si les bêtes sont mortes, elles servent de nourriture aux talapoins ; mais ils sont obligés de laisser vivre et mourir autour du temple celles qu’on leur apporte en vie, et la loi ne leur permet d’en manger que lorsqu’elles meurent d’elles-mêmes. On voit même, près de plusieurs temples, un réservoir d’eau pour le poisson vivant qu’on leur apporte en aumône.