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le monde sortent du ciel, ou de l’enfer, ou du corps des animaux. Les premières apportent quelques avantages qui les distinguent, tels que la vertu, la santé, la beauté, l’esprit ou les richesses. Elles animent les corps des grands princes ou des personnages d’un mérite extraordinaire ; de là vient le respect qu’ils portent aux personnes élevées en dignité ou d’une naissance illustre ; ils les regardent comme destinées à l’état divin ou à l’état de sainteté, qu’ils ont déjà commencé à mériter par leurs bonnes œuvres. Ceux dont les âmes sortent du corps des animaux sont moins parfaits, mais ils le sont plus néanmoins que ceux qui viennent de l’enfer. Les derniers sont considérés comme des scélérats que leurs crimes rendent dignes de toutes sortes de malheurs. « De là vient, au jugement du père Tachard, l’horreur que les Siamois ont pour la croix de Jésus-Christ. S’il eût été juste, disent-ils, sa justice et ses bonnes œuvres l’eussent garanti du supplice honteux qu’il a souffert. »

Il n’y a pas d’action vertueuse qui ne soit récompensée dans le ciel, ni de crime qui ne soit puni dans l’enfer. Un homme qui meurt sur la terre acquiert une nouvelle vie dans le ciel, pour y jouir du bonheur qui est dû à ses bonnes œuvres : mais, après le temps de sa récompense, il meurt dans le ciel pour renaître dans l’enfer, s’il est chargé de quelque péché considérable ; ou s’il n’est coupable que d’une faute légère, il rentre dans le monde