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d’un vêtement, et d’en avoir de précieux ; de garder aucun aliment du soir au lendemain ; de toucher à l’or et à l’argent, ni d’en désirer ; mais, comme ils sont toujours libres d’abandonner leur profession, ils ont l’art, en menant une vie réglée, d’amasser de quoi vivre lorsqu’ils abandonnent leur état.

Passons aux funérailles des Siamois. Aussitôt qu’un malade, a rendu le dernier soupir, on enferme son corps dans une bière de bois, dont on fait vernir ou même dorer le dehors ; mais comme les vernis de Siam, moins bons que ceux de la Chine, n’empêchent pas toujours que l’odeur ne se fasse sentir par les fentes, on s’efforce de consumer les intestins du mort avec du mercure qu’on lui verse dans la bouche. Les plus riches ont des bières de plomb, qu’ils font aussi dorer. La bière est placée avec respect sur quelque chose d’élevé, tel qu’un bois de lit soutenu par des pieds, pour attendre le chef de la famille, s’il est absent, ou pour se donner le temps de préparer les honneurs funèbres. On y brûle des bougies et des parfums. Chaque nuit un certain nombre de talapoins, rangés dans la chambre le long des murs, chantent en langue balie. On les nourrit, et leur service est payé. Leurs chants sont des moralités et des leçons sur le chemin du ciel qu’ils enseignent à l’âme du mort.

La famille choisit un lieu commode à la campagne, pour y rendre au corps les derniers devoirs, qui consistent à le brûler avec diver-