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parce que, dans leurs principes, il ne peut arriver de malheur à l’innocence.

Le deuil n’est pas forcé à Siam. Chacun a la liberté d’en régler les marques sur le sentiment de sa douleur. Aussi voit-on plus souvent les pères et les mères en deuil pour la mort de leurs enfans que les enfans pour celle de leurs pères. Quelquefois un père et une mère embrassent la vie religieuse après avoir perdu ce qui les attachait au monde ou se rasent du moins la tête l’un à l’autre ; car il n’y a que les véritables talapoins qui puissent se raser aussi les sourcils. On ne lit dans aucun voyageur, et toutes les recherches de Laloubère n’ont pu lui faire découvrir que les Siamois invoquent leurs parens morts ; mais ils se croient souvent tourmentés par leurs apparitions. La crainte plutôt que la piété les engage alors à porter près de leurs tombeaux des viandes que les animaux mangent, ou à faire pour eux des libéralités aux talapoins, qui leur prêchent que l’aumône rachète les péchés des morts et des vivans.

Toutes les relations s’accordent à représenter le royaume de Siam comme un pays presque inculte. Dans les parties qui sont éloignées des rivières, il est couvert de bois. Celles qui sont mieux arrosées, et que l’inondation régulière sert encore plus à rendre fertiles, produisent assez abondamment tout ce que le travail des habitans leur confie. Laloubère attribue principalement leur fécondité au li-