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lois ou qui les abroge, qui pardonne ou qui condamne les criminels, qui crée ou qui dépose les officiers civils et militaires, qui impose les taxes ; en un mot, qui jouit de l’exercice de la royauté. Les Européens ne font pas même difficulté de leur donner le nom de roi ; et pour mettre quelque distinction entre les rangs, ils donnent aux successeurs de Li la qualité d’empereurs. Ces faibles princes, qui portent dans le pays le titre de bova, passent leur vie dans l’enceinte du palais, environnés d’espions du chova. L’usage ne leur permet de sortir qu’une ou deux fois l’année, pour quelques fêtes solennelles qui regardent moins l’état que la religion. Leur pouvoir se réduit à confirmer les décrets du chova par de simples formalités. Ils les signent ; ils y mettent leur sceau ; mais il y aurait peu de sûreté pour eux à les contredire ; et quoiqu’ils soient respectés du peuple, c’est au chova qu’on paie les tributs et qu’on rend les devoirs de l’obéissance.

Ainsi la dignité de général est devenue héréditaire au Tonquin comme la couronne. L’aîné des fils succède à son père. Cependant l’ambition a souvent fait naître des querelles fort animées entre les frères ; et l’état s’en est ressenti par de longues guerres : ce qui fait dire comme en proverbe que « la mort de mille bovas n’est pas si dangereuse pour le Tonquin que celle d’un seul chova. »

Ce royaume est proprement divisé en six provinces, dont cinq ont leurs gouverneurs