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plus rude châtiment qu’on puisse leur imposer est de retrancher leur maison, de leur ôter leurs femelles, et de rendre, en un mot, leur état moins fastueux qu’ils n’y étaient accoutumés. Laloubère rapporte qu’un éléphant qu’on avait puni par cette voie, ayant trouvé l’occasion de se mettre en liberté, retourna au palais d’où il avait été chassé, rentra dans son ancienne loge, et tua l’éléphant qu’on avait mis à sa place.

Les rhinocéros doivent être aussi en fort grand nombre dans les forêts de Siam, puisque Gervaise assure que les Siamois en font un fort grand trafic avec les nations voisines.

Voici la description qu’il en donne : « Cet animal farouche et cruel est, dit-il, de la hauteur d’un grand âne. Il aurait la tête à peu près de même, s’il n’avait pas au-dessus du nez une corne d’environ une palme de longueur ; chacun de ses pieds se divise comme en cinq doigts, qui ont chacun la forme et la grosseur du pied même de l’âne. Sa peau est brune, horrible à voir, et si dure, qu’elle est à l’épreuve du mousquet : elle lui pend des deux côtés presqu’à terre ; mais elle s’enfle, et le rend gros comme un taureau lorsqu’il est en colère. On le tue difficilement ; jamais on ne l’attaque sans péril. Comme il aime les lieux marécageux, les chasseurs observent quand il s’y retire ; et, se cachant dans les buissons au-dessous du vent ils attendent qu’il soit couché, soit pour s’endormir, soit pour se vautrer dans la fange, et