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plats et d’assiettes, et s’épargnent la peine de les nettoyer, en les renouvelant à chaque repas. Ils les font servir aussi de papier, sur lequel ils écrivent. On distingue deux sortes de bananes indiennes : les unes de la longueur d’une palme, grosses et rondes comme un œuf, qui se nomment bananes à rôtir. Le goût en est très-agréable. Elles sont fort nourrissantes lorsqu’on les mange rôties avec un peu de cannelle et de sucre. Leur pulpe est d’un blanc roussâtre. On a soin de les cueillir vertes, pour les faire jaunir et mûrir dans les maisons, comme les melons d’hiver. Les bananes de la seconde espèce s’appellent bananes de jardin. Elles sont plus douces, de meilleur goût et plus chaudes que les autres, qui sont naturellement froides ; mais elles sont moins grandes : on les mange crues ; les unes et les autres mûrissent dans le même temps.

Pour manger ce fruit au lieu de pain, l’usage est de le rôtir ou de le cuire à l’eau, dans le temps qu’il a toute sa grandeur, mais avant qu’il ait pris sa couleur jaune, c’est-à-dire avant qu’il soit tout-à-fait mûr. Ceux qui n’y joignent ni viande ni poisson le mangent avec une sauce de jus de citron, de sel et de poivre en gousse, qui le rend d’un très-bon goût. Quelquefois, pour en varier l’apprêt, ils mangent un morceau de banane rôtie avec un autre morceau cru. Le premier sert de pain, et l’autre de beurre. Dampier raconte que les Anglais, aussi passionnés pour ce fruit que les