Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mois d’avril : dans le cours de juin, il est noué ; gros et vert dans le mois d’août, et sa force est déjà fort vive. Cependant les Indiens le mangent en salade, ou le font confire en achar avec d’autres fruits, dans une sauce au vinaigre, qui le conserve une année entière. Il est rouge en octobre, et noircit en novembre. Enfin, dans le cours de décembre, il est tout-à-fait noir, et par conséquent bon à cueillir. Cependant cette règle n’est pas si générale, qu’en plusieurs endroits il ne soit plus avancé ou plus tardif.

On coupe les grappes, on les fait sécher au soleil, qui est alors très-ardent, jusqu’à ce que d’eux-mêmes les grains se séparent de leur queue. Il leur faut environ quinze jours pour sécher : dans cet espace, il est besoin de les tourner souvent, et de les mettre à couvert pendant la nuit ; mais ensuite la séparation se fait en un jour ou deux. Il se rencontre sur la plante des grains qui ne rougissent et ne noircissent point, mais qui deviennent blancs. Les Indiens sont fort attentifs à les cueillir et à les amasser pour les usages de la médecine : dans la vente, ils s’en font payer un double prix, du moins entre eux ; car, pour les étrangers qui en demandent aussi, ils ont l’art de blanchir le poivre commun : ils le cueillent encore rouge, et le lavent à plusieurs eaux avec du sable, qui emporte la pellicule rouge qui noircirait ; et le cœur, demeurant découvert après cette opération, conserve sa blancheur natu-