Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mens. Dans la marche, l’aîné des fils se couche à terre par intervalles, et laisse passer le corps sur lui. Cette cérémonie est regardée comme la plus grande marque de respect filial. Lorsqu’il se relève, il pousse des deux mains le cercueil en arrière, comme s’il espérait engager le père à retourner au séjour des vivans. On porte dans le convoi diverses figures de papier peint ou doré, qui sont brûlées après l’enterrement, au bruit des timbales, des hautbois et d’autres instrumens de musique. L’appareil est proportionné aux richesses de la famille. Les seigneurs ont plusieurs cercueils l’un sur l’autre. Ils sont portés sous un riche dais, avec une escorte de soldats et une longue suite de mandarins qui s’empressent, dans ces occasions, de rendre au mort les mêmes honneurs qu’ils espèrent recevoir.

Pour le deuil, on se coupe les cheveux jusqu’aux épaules, on se couvre d’habits couleur de cendre, et l’on porte une sorte de bonnet de paille. Il dure trois ans pour un père et une mère. Le fils aîné y ajoute trois mois. Dans un si long intervalle, les enfans habitent peu leurs logemens ordinaires. Ils couchent à terre sur des nattes ; non-seulement ils se réduisent aux alimens les plus simples, mais ils se font servir dans une vaisselle grossière. Ils se privent des liqueurs fortes ; ils n’assistent à aucune fête. Le mariage même leur est interdit ; et s’ils manquaient à des lois si sévères, ils perdraient leurs droits à la succession. Mais, lorsque la fin du