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Le 12 de mars ils découvrirent, au milieu du jour, un de ces jeux de la nature que leur figure a fait nommer œil de bœuf ou œil de bouc. On les regarde ordinairement comme un présage assuré de quelque orage. C’est un gros nuage rond, opposé au soleil, et sur lequel se peignent les mêmes couleurs que celles de l’arc-en-ciel, mais fort vives. Peut-être n’ont-elles ce grand éclat que parce que l’œil de bœuf est environné de nuées épaisses et obscures ; mais Tachard accuse de fausseté tous les pronostics qu’on en tire. Il en vit deux, après lesquels le temps fut beau et serein pendant plusieurs jours.

Il peint soigneusement cette autre espèce de phénomène que les marins appellent trombes, pompes ou dragons d’eau, et qu’il eut occasion d’observer entre la ligne et le tropique du capricorne. Ce sont comme de longs tubes ou de longs cylindres formés de vapeurs épaisses, qui touchent les nues d’une de leurs extrémités, et de l’autre la mer, qui paraît bouillonner alentour. On voit d’abord un gros nuage noir, dont il se sépare une partie ; et comme c’est un vent impétueux qui pousse cette portion détachée, elle change insensiblement de figure, et prend celle d’une longue colonne, qui descend jusque sur la surface de la mer, demeurant d’autant plus en l’air que la violence du vent l’y retient, ou que les parties inférieures soutiennent celles qui sont dessus : aussi, lorsqu’on vient à couper ce long tube