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ou d’une espèce de javelot. Tachard remarqua dans une chasse, que le roi, qui était sur une espèce de trône porté par son éléphant, se leva sur ses pieds lorsque les éléphans sauvages voulurent forcer le passage de son côté, et se mit sur le dos du sien pour les arrêter.

Les jésuites suivirent le roi dans une grande plaine à cent pas de la ville : ce monarque avait l’ambassadeur à sa droite, éloigné de quinze ou vingt pas, le seigneur Constance à sa gauche, et quantité de mandarins autour de lui, prosternés par respect aux pieds de son éléphant. On entendit d’abord des trompettes, dont le son est fort dur et sans inflexion ; alors les deux éléphans destinés pour combattre jetèrent des cris horribles : ils étaient attachés par les pieds de derrière, avec de grosses cordes que plusieurs hommes tenaient pour les retirer, si le choc devenait trop rude. On les laisse approcher de manière que leurs défenses se croisent sans qu’ils puissent se blesser. Ils se choquent quelquefois si rudement, qu’ils se brisent les dents, et qu’on en voit voler les éclats. Mais ce jour-là le combat fut si court, qu’on crut que le roi ne l’avait ordonné que pour se procurer l’occasion de faire avec plus d’éclat un présent à M. de Vaudricour, qui avait amené les deux mandarins siamois, et qui devait conduire ces ambassadeurs en France. À la fin du spectacle, le roi s’approcha de lui, et lui donna de sa main un sabre, dont la poignée était d’or massif, et le four-