Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/127

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éclaircissemens sur Koxinga. Son père était né vers le commencement du dernier siècle, dans une petite ville de pêcheurs, près du port de Nagan-hay. Étant fort pauvre, il se rendit à Macao, où il fut baptisé sous le nom de Nicolas. De là on le vit passer à Manille, mais borné à des emplois fort vils. Le désir de s’élever le conduisit au Japon, où son oncle avait amassé quelque bien dans le commerce. Ce négociant crut lui reconnaître des talens distingués ; il lui confia le soin de ses affaires, et lui fit épouser une Japonaise dont il eut quelques enfans. Ensuite, l’ayant envoyé à la Chine avec un vaisseau chargé de riches marchandises, il vit toutes ses espérances trompées par l’infidélité de Nicolas, qui se rendit maître de ce dépôt pour embrasser ouvertement la profession de pirate. Son courage et son adresse éclatèrent bientôt dans cette nouvelle carrière. Il répandit la terreur sur toute la côte ; et l’empereur Yon-tching, par une faiblesse trop ordinaire aux gouvernemens despotiques, prit le parti de le créer son amiral, en lui pardonnant les crimes qu’il ne pouvait pas punir. Nicolas s’établit alors à Nagan-hay, lieu de sa naissance, et forma des correspondances de commerce avec tous les royaumes voisins. Ses richesses ne firent qu’augmenter, et devinrent si excessives, que dans l’opinion publique elles surpassaient celles de l’empereur même. Sa garde ordinaire était composée de cinq cents nègres chrétiens, auxquels il