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trie le fit repasser ensuite en Espagne, où il fut bientôt élevé à la dignité d’archevêque de Santo-Domingo.

Son ouvrage sur la Chine parut à Madrid en 1676.

Navarette, se trouvant à Macao en 1658, dans la résolution d’entrer à la Chine, pria un missionnaire qui devait se rendre à Canton de lui permettre de raccompagner. Il tira non-seulement de lui, mais encore de son supérieur, des promesses qui ne furent jamais exécutées. Mais il trouva dans la suite un Chinois qui entreprit de le conduire pour une somme fort légère, et qui ne cessa point de le traiter avec beaucoup de respect. Trois soldats tartares, qui montèrent dans la même jonque, ne lui marquèrent pas moins de civilité. Il observe à cette occasion qu’il fut le premier missionnaire qui s’introduisit à la Chine ouvertement et sans précaution. Jusqu’alors tous les autres, tels qu’un certain nombre de franciscains et de dominicains, y étaient venus ou secrètement, ou sous la protection de quelque mandarin, ou, comme les jésuites, en qualité de mathématiciens.

Au commencement du mois d’octobre, il quitta Canton avec le secours de quelques soldats nègres, qui le traitèrent fort incivilement, quoiqu’ils fissent profession d’être catholiques. Ils lui dérobèrent cinquante piastres, et quelques ornemens ecclésiastiques. « J’étais, dit-il, en garde contre les infidèles ; mais je ne croyais pas devoir me défier des chrétiens. »