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qu’il s’était réservé le plaisir de lui donner de sa propre main cette marque distinguée de l’estime qu’il avait pour lui : « Allez, lui dit-il, et revenez le plus tôt qu’il vous sera possible ; mais prenez soin surtout de votre personne et de votre santé. Donnez-moi de vos nouvelles, et soyez sûr que je verrai votre retour avec beaucoup de joie. » Il lui fit promettre d’amener avec lui des gens de lettres et un bon médecin, d’apporter avec lui les meilleures cartes géographiques, les livres les plus estimés en Europe, et surtout les ouvrages de mathématiques, avec les nouvelles découvertes qu’on aurait pu faire touchant les longitudes. Ensuite s’étant fait apporter une épinette, il joua quelques airs chinois sur cet instrument. Il en prit occasion de faire remarquer au légat avec quelle familiarité il traitait les Européens, dont il l’assura qu’il honorait beaucoup le savoir. Il le fit approcher de son trône, où il lui présenta, comme dans les audiences précédentes, une coupe remplie de vin. Enfin, pour terminer celle-ci, il lui prit les mains, qu’il serra fort tendrement entre les siennes. Le légat employa les termes les plus respectueux pour témoigner à sa majesté combien il était sensible à tant de faveurs, et lui promit de prier avec beaucoup d’assiduité pour la prolongation de sa vie et pour la prospérité de son règne.

On ne se permettra sur ce récit que deux remarques : l’une sur la différence de conduite entre la cour de Rome et les jésuites, et sur la