Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/231

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regardée comme une des plus riches de l’empire par sa fertilité et par son commerce. Elle est bornée à l’est par la mer ; au sud, par le Fo-kien ; au nord et à l’ouest par le Kiang-nan et le Kiang-si, qui l’environnent de ces deux côtés. Tout le pays est coupé par des rivières et par de larges et profonds canaux qui sont bordés de pierres et couverts de ponts de distance en distance ; de sorte qu’on peut voyager dans toutes les parties de cette province par terre et par eau. Elle abonde aussi en lacs et en sources vives ; les montagnes situées au midi et au couchant sont toutes cultivées ; en d’autres endroits où elles sont parsemées de roches, elles fournissent du bois de construction pour les maisons et pour les vaisseaux.

Ses habitans sont d’un caractère fort doux. Ils ont beaucoup d’esprit et de politesse. Les étoffes de soie brochées d’or et d’argent qu’ils fabriquent sont les meilleures qui se fassent dans toute la Chine, et à si bon marché, qu’un habit d’assez belle soie coûte moins que ne coûterait en Europe un habit de laine la plus commune. On y voit quantité de champs remplis de mûriers nains, que l’on empêche de croître en les plantant et les taillant à peu près comme la vigne. Cet usage vient de l’opinion confirmée par une longue expérience, que les feuilles des petits arbres produisent la meilleure soie. On nourrit dans le Tché-kiang une si grande quantité de vers à soie, qu’on