Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/260

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grosse qu’ils la désirent. Alors ils disparaissent.

Il faut avouer que cette manière de tromper n’est pas particulière aux Chinois, et la précaution que recommande ici le père Le Comte est bonne avec toutes les nations commerçantes. Le même jésuite convient ailleurs que, lorsqu’il vint à la Chine avec ses compagnons, étrangers, inconnus, exposés à l’avarice des mandarins, on ne leur fit pas le moindre tort dans leurs personnes ni dans leurs biens ; et ce qui lui paraît bien plus extraordinaire, un commis de la douane refusa de recevoir d’eux un présent malgré toutes leurs instances, en protestant qu’il ne prendrait jamais rien des étrangers. Mais ces exemples sont rares, ajoute-t-il, et ce n’est pas sur un seul trait qu’il faut juger un caractère national. Ne devait-il pas conclure plus naturellement qu’un pareil exemple de probité dans une ville maritime, grande et marchande, où l’avidité, l’artifice et la fraude doivent régner plus qu’ailleurs, ne doit point être rare dans le reste de la nation ? Aussi le père Duhalde en porte-t-il un jugement plus modéré. En général, dit-il, les Chinois ne sont pas aussi fourbes et aussi trompeurs que le père Le Comte les représente ; mais ils se croient permis de duper les étrangers : ils s’en font même une gloire. On en trouve d’assez impudens, lorsque la fraude est découverte, pour s’excuser sur leur défaut d’adresse. « Il paraît