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assez, disent-ils, que je m’y suis fort mal pris : vous êtes plus adroit que moi, et je vous promets de ne plus m’adresser aux Européens. » En effet, on prétend que c’est des Européens qu’ils ont appris l’art de tromper, si l’homme, en quelque pays que ce soit, a besoin d’apprendre cet art. Un capitaine anglais, ayant fait marché à Canton pour quelques balles de soie, se rendit avec son interprète à la maison du marchand pour examiner s’il ne manquait rien à la qualité de sa marchandise : il fut content de la première balle ; mais les autres ne contenaient que de la soie pourie. Cette découverte l’ayant irrité, il se répandit en reproches fort amers. Le Chinois les écouta sans s’émouvoir, et lui fit cette réponse : « Prenez-vous-en à votre fripon d’interprète, qui m’a protesté que vous n’examineriez point les balles. »

Cette disposition à tromper est commune parmi le peuple des côtes : ils emploient toutes sortes de moyens pour falsifier ce qu’ils vendent ; ils vont jusqu’à contrefaire les jambons, en couvrant une pièce de bois d’une espèce de terre, qu’ils savent revêtir d’une peau de porc. Cependant Duhalde et Le Comte même reconnaissent qu’ils ne pratiquent ces friponneries qu’à l’égard des commerçans étrangers, et que, dans les villes éloignée de la mer, un Chinois ne peut se persuader qu’il y ait tant de mauvaise foi sur les côtes.