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un endroit sans culture, il n’y a personne, à quelque âge qu’on le suppose, homme ou femme, sourd, muet, boiteux, aveugle, qui n’ait de la facilité à subsister. On ne se sert à la Chine que de moulins à bras pour broyer les grains : ce travail, qui n’exige qu’un mouvement fort simple, est l’occupation d’une infinité de pauvres habitans.

Les Chinois savent mettre à profit plusieurs choses que d’autres nations croient inutiles, ou dont elles tirent peu de parti. À Pékin, quantité de familles gagnent leur vie à vendre des allumettes, d’autres à ramasser dans les rues des chiffons de soie, de laine, de coton ou de toile, des plumes de poules, des os de chiens, des morceaux de papier, qu’ils nettoient soigneusement pour les revendre : ils gagnent même sur les ordures qui sortent du corps humain : on voit dans toutes les provinces des gens qui s’occupent à les ramasser ; et dans quelques endroits, sur les canaux, des barques qui n’ont pas d’autre usage. Les paysans viennent acheter ces immondices pour du bois, de l’huile et des légumes, Au surplus, tous ces moyens de subsistance ne sont pas particuliers aux Chinois, et se retrouvent à Paris et dans les grandes capitales.

Malgré la sobriété et l’industrie qui règnent à la Chine, le nombre prodigieux des habitans y cause beaucoup de misère. Il s’en trouve de si pauvres, que, si la mère tombe malade ou manque de lait, l’impuissance de nourrir leurs