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écrits en gros caractères d’or ; il est suivi du cercueil, sous un dais de soie violette, en forme de dôme, avec des houppes de soie blanche, richement brodées aux quatre coins. La machine qui supporte le cercueil est portée par des hommes, dont le nombre monte quelquefois jusqu’à soixante-quatre. Le fils aîné, à la tête de ses frères et des petits-enfans, suit à pied, couvert d’un sac de toile de chanvre, et s’appuyant sur un bâton, le corps penché, comme s’il était près de succomber à la douleur ; il est suivi des parens et des amis, tous en habits de deuil, et d’un grand nombre de chaises couvertes d’étoffe blanche, où sont les femmes et les filles du mort, qui percent l’air de leurs cris.

Les tombeaux chinois sont hors des villes, la plupart sur quelque éminence : on y plante ordinairement des pins ou des cyprès, qui les environnent de leur ombre. Chaque ville offre, à quelque distance, des villages, des hameaux et des maisons dispersées, qui sont presque toujours accompagnées de petits bois, et de quantités de petites collines couvertes d’arbres et entourées de murs, qui sont autant de différens cimetières, dont la vue n’est pas sans agrément.

La forme des tombeaux diffère suivant les différentes provinces de l’empire ; cependant la plupart sont en fer à cheval ; ils sont assez bien bâtis, et blanchis proprement, avec les noms de chaque famille gravés sur la princi-