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que, si l’on veut prendre par les provinces de Quang-si et de Hou-quang ; ce qui n’est pas difficile dans les grandes eaux, parce que les rivières de Hou-quang et de Kiang-si se rendent au nord dans le Yang-tsé-kiang : une brasse et demie d’eau suffit pour cette navigation ; mais, lorsque les eaux s’enflent assez pour faire craindre qu’elles ne débordent leurs rives, on ouvre en divers endroits des tranchées qu’on ne manque point ensuite de fermer soigneusement.

Ce grand ouvrage, qui passe pour une des merveilles de l’empire chinois, fut exécuté par l’empereur Chi-tsou ou Hou-per-lie, qui était le fameux Kou-blay-khan, petit-fils de Gengis-khan, et fondateur de la dynastie des Yeuns. Ce prince, ayant conquis toute la Chine, après s’être déjà rendu maître de la Tartarie occidentale, résolut de fixer sa résidence à Pékin, comme au centre de ses vastes domaines ; mais les provinces du nord n’étant pas capables de fournir assez de provisions pour la subsistance de ses nombreuses armées et de sa cour, il fit construire un grand nombre de vaisseaux de longues barques, pour en faire venir des provinces maritimes. L’expérience lui fit connaître le danger de cette méthode. Une partie de ses vaisseaux périssaient par la tempête ; d’autres étaient arrêtés par les calmes. Enfin, pour remédier à ces deux inconvéniens, il prit le parti de faire creuser un canal, entreprise merveilleuse, où la dépense répondit à la dif-