Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/338

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ficulté de l’ouvrage et à la multitude innombrable des ouvriers.

Le père Le Comte observe que, dans quelques endroits où la disposition du terrain n’a pas permis de former une communication entre deux canaux, on ne laisse pas de faire passer les barques de l’un à l’autre, quoique le niveau soit différent de plus de quinze pieds. À l’extrémité du canal supérieur, on a construit un double glacis, ou talus de pierres de taille, qui s’étend des deux côtés jusqu’à la surface de l’eau. Lorsque la barque arrive dans le canal inférieur, elle est guindée, avec le secours des cabestans, sur le plan du premier glacis ; et, arrivée à la pointe, son propre poids la fait glisser par le second glacis dans le canal supérieur. On la fait descendre de même du canal supérieur dans l’autre. L’auteur a peine à comprendre comment les barques chinoises, qui sont ordinairement fort longues et très-pesamment chargées, ne se rompent pas par le milieu, lorsqu’elles se trouvent comme suspendues en l’air sur l’angle aigu des deux glacis. Cependant il n’apprit jamais qu’il fût arrivé le moindre accident ; l’unique précaution que prennent les négocians lorsqu’ils ne veulent pas quitter leur barque, est de se faire lier avec une corde, pour éviter d’être emportés d’un bout à l’autre. Il n’y a point de ces écluses dans le grand canal, parce que les barques impériales, qui sont aussi grandes que nos frégates, ne pourraient être élevées à force de