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avec la porcelaine vernissée, et cuite par le moyen de la céruse, fit conjecturer au jésuite que, si l’on employait la céruse dans les couleurs dont on peint le verre, et qu’on le cuisît une seconde fois au feu, l’ancien art de la peinture sur verre se retrouverait peut-être. Il observe, à cette occasion, que les Chinois avaient anciennement l’art de peindre sur les dehors de la porcelaine, des figures de poissons et d’autres animaux qui ne se montraient sur une tasse que lorsqu’elle était remplie de quelque liqueur. Cette porcelaine se nomme kia-tsing, c’est-à-dire azur mis en presse. On n’a conservé qu’une petite partie de cet admirable secret. Les pièces qu’on voulait peindre dans ce goût devaient être fort minces : on appliquait fortement les couleurs en dedans, et l’on y peignait ordinairement des poissons, comme s’ils eussent été plus propres à devenir visibles lorsqu’on remplissait la tasse d’eau. La couleur une fois séchée, on y étendait une légère couche de pâte de porcelaine ; ensuite, appliquant le vernis en dedans, on mettait le vase sur la roue pour le rendre en dehors aussi mince qu’il était possible : enfin, l’ayant trempé dans le vernis, on le faisait cuire dans le fourneau commun. On peut dire qu’à présent même les Chinois ont le secret de faire revivre le plus bel azur après qu’il a disparu ; car, lorsqu’on l’applique sur la porcelaine, il est d’un noir pâle ; puis, étant sec et vernissé, il devient blanc ; mais le feu