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de cinq tchangs. Un tchang équivaut à dix pieds. Il explique comment il est teint de différentes couleurs, et même argenté, sans qu’on y emploie d’argent ; invention qu’on attribue à l’empereur Kao-ti, de la dynastie de Tsi. Il n’oublie pas le papier des Coréens, qui se fait de cocons de vers à soie. Enfin il rapporte que, depuis le septième siècle, ces peuples paient à l’empereur leur tribut en papier.

La consommation du papier à la Chine est presque incroyable. Outre les lettrés et les étudians qui en emploient une quantité prodigieuse, il n’est pas concevable combien il s’en consomme dans les maisons des particuliers. Chaque chambre n’a d’un côté que des fenêtres avec des châssis de papier. Sur les murs, qui sont ordinairement enduits de chaux, on colle du papier blanc pour les conserver blancs et unis. Le plafond consiste en un châssis garni de papier, sur lequel on trace divers ornemens ; en un mot, la plupart des maisons n’offrent que du papier qu’on renouvelle tous les ans.

Quoiqu’on ne fasse servir à la composition du papier que la pellicule intérieure de plusieurs espèces d’arbres, on y emploie la substance entière du bambou et de l’arbrisseau qui porte le coton. On choisit sur les plus gros bambous les rejets d’une année, qui sont ordinairement de la grosseur de la jambe. Après les avoir dépouillés de leur première pellicule verte, on les fend en bandes étroites de six à sept pieds de long, pour les faire rouir pen-