Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Chinois s’attribuent la première invention de la musique, et se vantent de l’avoir portée anciennement à sa plus haute perfection : mais si leurs prétentions ne sont pas fabuleuses, ils l’ont laissée étrangement dégénérer ; elle est aujourd’hui si imparfaite à la Chine, qu’elle en mérite à peine le nom : il paraît certain qu’elle y était autrefois fort estimée. Confucius même entreprit d’en introduire les règles dans toutes les provinces dont on lui avait confié le gouvernement. Les histoires du pays parlent beaucoup de l’excellence de l’ancienne musique, et les Chinois regrettent continuellement la perte des anciens livres qui traitaient de cet art. Quelque opinion qu’on en doive prendre, la musique est aujourd’hui peu en usage à la Chine, excepté dans certaines fêtes, dans les comédies, aux mariages, et dans d’autres occasions pareilles : les bonzes l’emploient aux funérailles. Les musiciens de la Chine lèvent et baissent la voix d’une tierce, d’une quinte et d’une octave, mais ils ne chantent jamais par semi-tons : la beauté de leurs concerts ne consiste point dans la variété des voix ou dans la différence des parties ; ils chantent tous le même air, suivant l’usage de tous les Asiatiques. La musique de l’Europe leur plaît assez, pourvu qu’il n’y ait qu’une voix accompagnée d’instrumens : ils ne trouvent qu’un désordre confus dans le contraste de plusieurs voix différentes, et dans les sons graves et aigus, les dièzes, les fugues, etc.