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première pensée regarde le printemps, la seconde regarde l’automne ; ou si la première a quelque rapport au feu, la seconde doit en avoir avec l’eau. Cette composition a ses difficultés, qui demandent un certain art. L’enthousiasme ne manque point aux poëtes chinois ; la plupart de leurs expressions sont allégoriques : ils savent employer les figures qui donnent de la chaleur et de la force au style et aux pensées.

Au contraire, leur rhétorique est fort naturelle. Ils connaissent peu de règles pour l’ornement du discours. Leur unique étude en ce genre est la lecture de leurs meilleurs écrivains, dans desquels ils observent les tours les plus vifs et les plus propres à faire l’impression qu’ils se proposent.

Leur éloquence ne consiste point dans l’arrangement des périodes, mais dans la chaleur de l’expression, dans la noblesse des métaphores, dans la hardiesse des comparaisons, et surtout dans des maximes et des sentences tirées de leurs anciens sages, et qui, exprimées d’une manière concise, vive et mystérieuse, contiennent beaucoup de sens en peu de mots.

Leur logique ne contient point de règles pour la perfection du raisonnement, ni de méthode pour définir ou diviser les idées, et pour en tirer les conséquences. Les Chinois ne suivent que les lumières naturelles de la raison, qui leur sert à comparer plusieurs idées ensemble sans le secours de l’art, et qui les conduit à