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le chant exprime toujours quelque vive émotion de l’âme, telle que la joie, la colère, la douleur ou le désespoir. Un Chinois chante pour déclarer son indignation ; il chante pour s’animer à la vengeance ; il chante même lorsqu’il est prêt à se donner le coup mortel.

Les chansons des comédies ne sont pas fort intelligibles, surtout pour les Européens, parce qu’elles sont remplies d’allusions à des événemens qui leur sont inconnus, et d’expressions figurées qui ne leur sont pas familières. Dans les tragédies, les airs sont en petit nombre ; et dans l’impression ils sont placés à la tête des chansons, qui sont imprimées en gros caractères, pour les distinguer de la prose.

Le père Duhalde nous donne pour essai du théâtre chinois une tragédie intitulée Tchao-chi-cou-ell, c’est-à-dire, le petit Orphelin de la maison de Tchao. On doit la traduction de cette pièce au père de Prémare, missionnaire jésuite, qui l’avait tirée d’une collection en quarante volumes, de cent des meilleures tragédies chinoises, composées sous la dynastie des Yuen.[1]

Pour ce qui est de l’histoire, on ne connaît guère de nation qui ait apporté plus de soin à écrire et conserver les annales de son empire. Ces livres respectés contiennent tout ce qui s’est passé sous le règne dès premiers empe-

  1. Voyez sur cet ouvrage la préface de l’ Orphelin de la Chine, dont la pièce chinoise a fourni le sujet à M. de Voltaire.